Abel Chéret

Abel Chéret : « J’ai vraiment envie de montrer le côté un peu rock de ma personnalité que l’on ne voit pas vraiment sur les enregistrements studio. Le live permet cela. »

C’est à la Bouche d’Air que nous avons rencontré Abel Chéret. Après Terrier, nous poursuivons donc notre tour de la nouvelle scène vendéenne. Abel revenait tout juste d’une virée dans le nord du département où, avec 7 autres compositeurs-auteurs-interprètes (Alexis HK, Oré …), ils ont travaillé 3 jours durant à la production d’une vingtaine de chansons. A quelques heures de leur première interprétation en public, il a accepté de répondre à nos questions.

Ton premier EP en solo est sorti en 2019 mais tu baignes pourtant dans la musique depuis plus d’une décennie. Peux-tu nous évoquer ton parcours ?

J’ai quitté Léonie, le groupe qui m’a lancé, il y a plus de 10 ans maintenant. Il y a eu beaucoup de travail depuis, beaucoup de création. Je n’arrivais pas forcément à trouver ma direction, mes EP ne me plaisaient pas plus que ça donc je ne sortais pas grand chose officiellement. Le déclic est arrivé en 2017 où j’ai enfin commencé à écrire des titres qui me correspondaient, que j’avais envie de porter. A ce moment-là, j’ai trouvé la couleur de ma musique. Après, pendant toutes ces années, j’ai rodé mon écriture, c’est ce qui m’a permis d’arriver jusqu’ici. Je me suis aussi exercé en tant que chanteur. Je n’ai jamais fait d’école de musique, j’ai débuté autour de 16-17 ans, il m’a donc fallu du temps pour maturer tout ça, apprendre la technique et comprendre la musique.

La base de ton travail est donc plutôt lié à l’écriture ?

Oui c’est ça, le chant n’est arrivé que plus tard comme ma maîtrise des instruments et l’apprentissage de la théorie. Tout ça est venu grâce aux rencontres que j’ai pu faire.

D’ailleurs, qui a participé à ce premier EP Amour Ultra Chelou ?

Je l’ai construit principalement tout seul, j’ai écrit la musique et les textes pour ce disque. J’ai fait quelques maquettes et des débuts d’arrangements électroniques. Ensuite, j’ai travaillé avec Pierre-Alain Grégoire qui est un réalisateur. Il a donné plus de force à ces arrangements, il a travaillé sur les textures et les rythmiques. Tout ça s’est fait en numérique, il n’y a pas eu ou presque pas de prises d’instruments. En mode home studio.

Abel Chéret
© Aurélie Lamachère

Peux-tu nous faire part de tes impressions sur ta tournée débutée avant la période de Covid ?

On a pu faire quelques dates et se rôder un peu mais la signature officielle avec un tourneur s’est faite juste avant le début de la pandémie de Covid. La vraie tournée, si je peux en parler ainsi, a donc été pas mal chahutée.

Quand j’ai sorti cet EP, j’étais peu entouré, je n’avais pas encore de manager. J’ai envoyé quelques mails pour voir si mon projet pouvait malgré tout convaincre des tourneurs. Par chance, Auguri Productions qui collabore avec du beau monde (NDLR Angèle, Sofiane Pamart, Philippe Katerine, Tsew the Kid etc.) a aimé mon projet et en a parlé à l’une de ses artistes, Vanessa Paradis, pour ses premières parties. J’ai ainsi pu avoir 4 dates sur une très belle tournée. Je suis tombé des nues, ça a vraiment boosté ce début de carrière solo. Deux managers ont ensuite rejoint l’aventure et font désormais partie intégrante du projet. France Inter a aussi soutenu deux titres en les diffusant. Tout ça m’a ouvert des portes, j’ai vraiment gagné en légitimité.

Pour revenir sur le live, j’ai encore des dates avec cette tournée. J’ai simplement ajouté quelques nouveaux morceaux. Et je suis quelqu’un d’assez introverti, ces concerts m’ont permis de me lâcher davantage. Ça peut paraître surprenant mais j’ai vraiment envie de montrer le côté un peu rock de ma personnalité que l’on ne voit pas vraiment sur les enregistrements studio. Le live permet cela.

Trouves-tu cela difficile de défendre un projet entamé il y a maintenant 5 ans ? Certains artistes ont préféré annuler leur tournée à cause de ces reports incessants.

C’est un peu différent pour moi. On est encore en développement donc on modifie pas mal de choses pour le live, encore aujourd’hui. On fait vraiment évoluer le set en testant des ajustements. Ce n’est pas vraiment une tournée fixée.

Par contre, un prochain EP, ou un album si le budget le permet, devrait être prêt pour l’automne. On verra dans les prochaines semaines mais comme je suis en auto-production, ce sera certainement un nouvel EP.

On a pu entendre Space trip sorti l’an passé, un morceau un peu errant dans ce début de discographie. Sera t-il intégré à cet EP ?

Je pense qu’on va le laisser dans l’espace. (rires) La décision n’est pas définitive mais il ne devrait pas être sur ce nouveau projet.

L’amour est un thème très présent dans tes premières compositions. Penses-tu poursuivre dans cette voie ou était-ce intimement lié à ta vie personnelle ?

Lorsque j’ai commencé l’écriture d’Amour Ultra Chelou, j’étais dans un contexte d’amour passionné et puissant donc tout ce que j’écrivais à cette période retranscrivait cette ambiance. Tout ce qui sortait de cette thématique n’avait pas trop de sens à mes yeux, j’ai donc gardé uniquement les textes avec ce lien. Aujourd’hui, même je suis toujours amoureux (rires), j’ai envie de parler d’autre chose. Il y aura donc une évolution textuelle.

Tes compositions sur Amour Ultra Chelou ont une pointe d’exotisme marquée. Est-ce un aparté musical ou cela te suivra dans tes prochaines sorties ?

C’est vraiment lié à une période de ma vie, à un passage par Cuba précisément. J’ai voulu partager cette musique rythmique / latine / cuivrée de manière légère dans mes morceaux. De plus, j’écoutais pas mal d’électro cubaine / argentine à ce moment. Cette ambiance a nourri mes maquettes mais j’ai envie d’en sortir, on le retrouve un peu partout désormais. C’était plus un clin d’oeil à ce que je vivais et écoutais à l’époque. Je m’en échappe un peu, il y aura un côté plus brut et froid dans ce qui viendra.

Il y a une certaine effervescence autour de la nouvelle scène pop & chanson en France. Est-ce que c’est quelque chose que tu as remarqué à titre personnel ?

C’est vrai que la french pop était très indé il y a encore quelques années. C’était une sorte de niche. Je pense par exemple à Ricky Hollywood ou encore Fishbach. Le label Entreprise (NDLR Fishbach, Voyou, Jäde, Bagarre, Mauvais Oeil etc.) était d’ailleurs un peu précurseur dans ce style.

Ça m’a certainement aidé dans mon développement. Après je me considère vraiment à cheval entre la pop et la chanson classique. D’un côté, ça me porte mais d’un autre c’est un peu compliqué. En France, on aime encore coller des étiquettes donc cela peut parfois poser quelques soucis de compréhension ou de programmation. Je fais en sorte de ne pas trop me poser de questions, cela aurait un impact négatif sur mon identité artistique.

Dans ta collection, quel est le vinyle auquel tu tiens le plus ?

Déjà, je n’ai pas de platine, mon appartement est assez petit donc je vais écouter mes disques chez mon père. (rires) Bref, je dirais Histoire de Melody Nelson de Gainsbourg. Je lis d’ailleurs un livre sur la création de cet opus en ce moment. J’aimerais bien avoir une version originale de ce vinyle d’ailleurs.

Et, as-tu acheté un disque récemment ?

Oui, le disque de Les Lignes Droites. C’est un groupe post-rock, un peu noise, en français. Ils viennent de Paris, j’adore ce qu’ils font. En fait, je ne l’ai pas vraiment acheté, on a échangé nos vinyles. (rires)

EP disponible ici

Propos recueillis par Le Disquaire du Dimanche
Photo à la Une © Marie-Pierre Durand

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *